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  • Réparation : Comment quantifier les impacts environnementaux pour entrer dans l’économie circulaire ?

    Posté par Raphael Blanc

    Allonger la durée de vie des produits : une priorité environnementale encore sous-quantifiée

    Dans un contexte où l’économie circulaire devient une nécessité stratégique à la fois pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières et pour atteindre les objectifs de réduction des émissions carbone, la réparation apparaît comme un levier clé pour décarboner le cœur de l’offre et, plus largement, réduire l’empreinte environnementale des entreprises.

    Les fabricants et distributeurs d’équipements électriques et électroniques (EEE) sont particulièrement concernés : seuls 10 à 20 % des appareils tombant en panne aujourd’hui sont effectivement réparés (ADEME, 2021), alors même qu’une quantité considérables des impacts environnementaux de ces produits sont liés à leur phase de fabrication. Réparer plutôt que remplacer permettrais donc a priori d’éviter des impacts significatifs, en prolongeant la durée de vie des équipements et en différant la production d’un produit neuf.

    Pourtant, la quantification précise des impacts reste complexe. Les entreprises rencontrent encore des freins méthodologiques, notamment du fait de l’absence de référentiels partagés pour l’analyse de cycle de vie (ACV) appliquée aux modèles circulaires tels que la réparation, le reconditionnement ou le réemploi.

    Afin de déployer mais aussi d’améliorer les pratique de réparation, MAOBI, en collaboration avec l’éco-organisme ecosystem et la plateforme de réparation Boomerang, a relevé ce défi à travers un projet pionnier et multi-acteurs.

    Démontage pour étude de la réparation d'un aspirateur balais dans les locaux de MAOBI

    Démontage pour étude de la réparation d’un aspirateur balais dans les locaux de MAOBI

    Un projet collaboratif pour créer une méthodologie de référence au service du secteur des EEE en B2B.

    Face à l’absence de référentiel harmonisé, notre consortium a développé une méthodologie ACV dédiée à la réparation et au réemploi.
    Les objectifs :

    • Quantifier les gains environnementaux par rapport à un remplacement à neuf
    • Créer deux outils pratiques :
      • un outil d’aide à la décision  des actions de réparations au niveau du produit,
      • un outil de reporting des impacts à l’échelle de la filière,
    • Favoriser une dynamique collective et reproductible à l’échelle des filières, notamment en se basant sur les données de plusieurs industriels.

    La méthode et les calculs prennent ainsi en compte :

    • Les flux réels de matériaux et de pièces pour le calcul d’impact environnemental des produits évités et des actions de réparation.
    • La logistique et les pratiques existantes associés aux différentes scénarios.
    • L’allongement effectif de la durée de vie des produits réparés.

    Le modèle réalise le bilan des impacts en comparant des scénario d’économie linéaire avec des scénarios d’économie circulaire, selon les indicateurs du PEF. Plusieurs paramètres clefs entrent alors en jeu :  le ratio d’allongement de la durée de vie, les bénéfices  induit par le produit évités, mais aussi les charges environnementales de l’acte de réparation en lui-même.

     

    Des résultats concrets et des enseignements clés

    Grâce à la collecte de données terrain et à la modélisation ACV sur plusieurs typologies de produits, nous avons pu :

    • Établir des indicateurs quanti de performance environnementale actionnables.
    • Identifier les leviers prioritaires pour maximiser les bénéfices de la réparation : nombre et complexité des pièces réparées, durée de vie réellement prolongée.
    • Développer un outil de reporting pour suivre et valoriser les gains à l’échelle sectorielle en France.

    Ces travaux vont au-delà d’un affichage environnemental. Ils permettront d’arbitrer et de prioriser les actions pour réduire réellement l’empreinte environnementale des produits tout en renforçant la réparabilité comme stratégie d’entreprise. Des verrous demeurent, notamment sur la capacité à quantifier les allongements des durées de vies en lien avec les actions de réparation.

     

    Vers une généralisation à l’échelle des filières

    Ce projet n’a pas vocation à rester isolé, il pose les bases d’une approche collective qui pourrait être mutualisée avec d’autres secteurs (ameublement, électroménager, etc.).
    Notre ambition : mobiliser tous les acteurs : fabricants, réparateurs, distributeurs, éco-organismes, pour que la réparabilité devienne une composante clé des stratégies produits.

    Retrouvez MAOBI, ecosystem et Boomerang lors de notre conférence à Produrable le 15 mai 2025 de 11:45 à 12:30.